Intestin poreux : les aliments protecteurs | LaNutrition.fr
Quand l’intestin devient trop perméable, des molécules indésirables peuvent passer dans l’organisme, provoquant des inflammations. Découvrez comment renforcer cette barrière naturellement grâce à l’alimentation.
En plus de son rôle de digestion et d’absorption, l’intestin a pour fonction d’empêcher des substances indésirables (pathogènes, allergènes, toxines) d’entrer dans l’organisme. Une altération du microbiote peut favoriser une hyperperméabilité intestinale, ou « leaky gut syndrome », un facteur favorisant l’auto-immunité.
Au niveau de l’épithélium de l’intestin, les cellules (entérocytes) sont alignées les unes contre les autres, pour former une barrière solide. Entre deux cellules adjacentes, il existe un espace très fin par lequel des molécules peuvent passer. Dans cet espace intercellulaire, des structures appelées « jonctions serrées » rapprochent les cellules pour qu’elles restent bien collées les unes aux autres. En temps normal, les jonctions serrées servent de barrière aux molécules de l’intestin, qui n’ont pas été assez digérées, sont trop grosses et nocives.
Si les jonctions serrées sont altérées, elles laissent passer ces macromolécules indésirables : c’est l’hyperperméabilité intestinale, un facteur clé dans le déclenchement des réactions inflammatoires et des maladies auto-immunes. Les fragments de protéines ou d’antigènes qui passent de manière anormale la barrière intestinale sont susceptibles de provoquer une réponse immunitaire.
Le microbiote intestinal est un facteur important pour réguler le rôle de barrière intestinale. Pour le Dr Daniel Sincholle, pharmacologue et auteur de Super microbiote, un microbiote plus pauvre est associé à un état inflammatoire chronique, une perméabilité intestinale et un poids corporel plus élevé. C’est notamment lié aux acides gras à chaîne courte (AGCC) produits par les bonnes bactéries du microbiote : « Lorsque les taux de ces acides gras sont trop faibles, la présence de gluten et/ou d’antinutriments du blé (les substances qui retiennent les nutriments ou empêchent leur absorption intestinale) conduirait à une inflammation, une perméabilité intestinale et les troubles qui lui sont associés, » explique-t-il.
Zonuline et intestin poreux
La zonuline est une protéine qui contrôle l’étanchéité de l’intestin par le biais de l’ouverture des jonctions serrées. Lorsqu’elle est produite en grande quantité, la zonuline
entraîne le relâchement des jonctions serrées : l’intestin devient poreux (1). Lorsque la
régulation de la zonuline est perturbée, il peut apparaître des maladies auto-immunes.
La perméabilité intestinale est un facteur-clé dans le déclenchement des réactions inflammatoires et des maladies auto-immunes, car elle favorise le passage anormal dans l'organisme, depuis le tube digestif, de fragments de protéines ou antigènes qui pourront déclencher une réponse du système immunitaire. En réponse à l'entrée d'antigènes indésirables, le système immunitaire sécrète des anticorps qui contribuent à des dysfonctionnements immunitaires et à l’apparition de maladies auto-immunes (2). Cette porosité intestinale entretient une inflammation chronique et est impliquée dans de nombreuses pathologies comme les allergies, les intolérances alimentaires… sans parler du foie qui fait face à une surcharge de travail pour détoxifier l’organisme.
Dans les années 1980, le Docteur Jean Seignalet (1936-2003) a suggéré que les maladies auto-immunes se déclarent sur un terrain génétique particulier, dans un contexte d’hyperperméabilité intestinale et en présence d’un déclencheur d’origine bactérienne, toxique ou alimentaire. Pour le Dr Seignalet, diminuer la perméabilité intestinale et les aliments qui la déclenchent permettrait de diminuer l’incidence des maladies auto-immunes.
Certaines manifestations physiques mais également mentales peuvent suggérer une hyperperméabilité intestinale : troubles gastro-intestinaux, maux de tête, allergies, eczéma, problèmes cutanés, fatigue, douleurs articulaires, troubles de l'humeur, dépression…
Pour ces raisons, il est important de restaurer la barrière intestinale ; c’est d’ailleurs une des premières étapes d’un processus de détoxification, comme proposé par le célèbre naturopathe américain, Joseph Pizzorno. Pour lui, les organes de détoxification du corps (intestin, foie, reins) doivent être réparés dans un ordre précis. Et cela commence par les intestins. « En effet, si vous ne les nettoyez pas, vous continuez à transmettre des toxiques au foie, dit-il. Un intestin toxique, qui laisse échapper en permanence des métabolites toxiques et autres substances nocives, surcharge le foie et les reins. »
Le gluten est connu pour favoriser l’hyperperméabilité intestinale. D’après un article paru dans Nutrients, la gliadine du gluten augmente la perméabilité intestinale chez tous les individus, qu’ils soient intolérants au gluten ou pas (3).
Céréales interdites | Aliments autorisés (sans gluten) |
---|---|
Seigle Dérivés de ces céréales : farine, germes, semoule, boulgour, flocons, malt, son, gruau… |
Céréales sans gluten et assimilées : riz, millet, sarrasin (blé noir), sésame, quinoa, amarante, manioc… et sous forme de farines, pâtes, fécules, flocons, muesli
Légumineuses : lentilles, haricots, pois chiches, pois cassés… y compris sous forme de farines |
Aliments autorisés ou interdits dans un régime sans gluten
Les produits laitiers sont aussi souvent accusés d’affecter la barrière intestinale chez les personnes prédisposées. Le régime Seignalet préconise l’éviction du gluten et du lait.
Les aliments ultra-transformés doivent aussi être évités, en raison des additifs qui ont un effet délétère sur la barrière intestinale. En particulier, les émulsifiants augmentent la perméabilité intestinale en rompant l'intégrité des jonctions serrées (4). Les émulsifiants sont des substances employées par l’industrie agro-alimentaire par exemple dans : glaces, produits de panification, sauces et plats préparés… Plus largement, le glucose, le sel, les émulsifiants, les solvants organiques, le gluten, les nanoparticules, augmentent les fuites au niveau des jonctions serrées et donc la perméabilité intestinale (5).
L’alcool est également déconseillé, car il augmenterait la perméabilité intestinale (6).
Voici différents aliments favorables à la bonne santé de l’intestin.
Manger des légumes de la famille des crucifères (brocoli, chou-fleur, choux...) favoriserait la santé intestinale et la fonction de barrière intestinale (7). Pour Joseph Pizzorno, « Les aliments de la famille du chou sont riches en glutamine, un nutriment qui aide à réparer les parois de l’intestin. Le chou contient également des sulforaphanes, qui participent à la détoxification du foie. Boire un litre par jour de jus de chou frais est très efficace et cela guérit même les ulcères d’estomac. »
Les probiotiques aident à entretenir la richesse du microbiote, bénéfique à la santé de la barrière intestinale. La prise de compléments probiotiques est donc intéressante. Mais vous pouvez aussi enrichir votre microbiote avec des aliments fermentés contenant de bonnes bactéries. Dans son livre Super microbiote, le Dr Sincholle donne une liste des aliments riches en probiotiques, avec notamment :
Les fibres prébiotiques sont les aliments utilisés par les bonnes bactéries du microbiote pour croître. Les aliments riches en prébiotiques sont par exemple :
Attention, si vous souffrez du syndrome de l'intestin irritable, ces aliments ne vous sont pas forcément recommandés.
Dans son livre, Toxiques – La solution, Joseph Pizzorno recommande également la prise d’un complément de fibres pendant une semaine, et d’un complément de probiotiques contenant des souches Lactobacillus et Bifidobacterium pendant deux semaines.